CONTRAT FRANCE MILK BOARD Le voile se lève au Space
Sur les bases de son contrat enfin dévoilé, l'Office du lait entend rassembler, avant de négocier avec les laiteries.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
D'abord opposés à la contractualisation, l'Apli, la Confédération paysanne et l'OPL; rassemblés dans l'Office du lait; ont changé leur fusil d'épaule, la loi l'imposant. Pour autant, pas question d'emboîter le pas à la FNPL et de négocier sur la base des contrats envoyés par les laiteries. Ils ont choisi une autre tactique : proposer leur contrat. D'abord pour massifier l'offre autour de France Milk Board, une organisation de producteurs qui se veut transversale. Et, seulement dans un second temps, pour négocier, fort de leur poids. Reste à savoir combien d'éleveurs seront séduits par la démarche, au-delà des 5 % (pesant 7 à 8 % du lait français) qui ont déjà promis d'y adhérer, comme précisé au Space par Paul de Montvalon, président de l'Office du lait… Ça sent l'heure de vérité pour le mouvement. « Les producteurs peuvent aujourd'hui choisir entre deux démarches. Si on reste à moins de 10 % du lait français, on pourra rester couché. Notre objectif est d'atteindre 30 %. Pour cela, il suffit que chacun d'entre vous aille convaincre son voisin », martèle-t-il à qui veut l'entendre.
Un prix de base couvrant les coûts de production
Annoncés depuis le début de l'été, les détails de ce contrat version producteurs ont été dévoilés au Space. Qu'en retenir d'essentiel ? Un contenu idéal pour les producteurs, aux antipodes de ce qu'ils ont reçu d'un Lactalis ou d'un Bongrain… mais que ces derniers devront digérer. Et là ce sera une autre histoire. Pas question, par exemple, « d'ingérence dans les exploitations ». Le contrat ne concerne que du lait cru aux normes sanitaires européennes à 38/32 et moins de 400 000 cellules… rien de plus. « Si les laiteries veulent du lait à 150 000 ou 200 000 cellules, elles doivent l'encourager par des primes, pas des pénalités », note Paul de Montvalon.
Concernant les volumes, le producteur qui adhère à France Milk Board conserve sa référence historique (volume et matière grasse notifiés), mais s'engage à une modulation annuelle selon la réalité du marché. À l'acheteur d'indiquer ses besoins, avant le début de campagne, avec un plancher d'au moins 95 % de la référence historique et la possibilité de les réactualiser de façon semestrielle. Aux producteurs d'annoncer leur potentiel de production annuel. À France Milk Board ensuite de définir pour chacun un volume annuel avec la possibilité d'un réajustement. Point crucial : tout dépassement de production ne sera non seulement pas payé, mais pénalisé à hauteur de 25 % du prix de base. Destination de ce lait en trop : oeuvres caritatives, destruction… avec mutualisation des pénalités perçues entre ceux respectant leur notification de volume.
Concernant le prix, France Milk Board tape fort en donnant comme référence, une valeur de base couvrant la réalité des coûts de production. Soit, d'après son calcul calqué sur la méthode de l'Institut de l'élevage, 412 €/1 000 l(1) aujourd'hui… un chiffre réactualisable. Et il ne s'agit là que du prix de base, pas d'éventuelles primes d'entreprise exclues du contrat. Dernière couleuvre à avaler pour les entreprises : le mandat de facturation donné par le producteur à France Milk Board. « C'est fondamental, si l'on veut être sûr des volumes collectés. Surtout si on met le doigt dans du volume A et B », note le président de l'Office du lait.
JEAN-MICHEL VOCORET
(1)En retenant 1 UMO pour 250 000 l/an, une rémunération du travail de 24 828 € net/an, les charges sociales et la rémunération des capitaux propres.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :